Le mois de juillet est le mois des festivités en Polynésie. C’est en effet à cette période de l’année que l’on célèbre le Heiva. Sa face la plus connue est le célèbre concours de danse qui est la plus ancienne compétition de danse en Océanie et qui attire chaque année pas moins de 30 000 spectateurs venant du monde entier pour admirer les troupes d’amateurs ou de professionnels se disputer le titre suprême.
Moins connus du public international mais tout aussi cher au cœur des polynésiens, c’est également l’occasion de célébrer les jeux traditionnels appelés « Tu’aro Maohi ».
J’ai donc assisté à ces jeux atypiques et pourtant 100% polynésiens…
A peine arrivée dans le parc où ces compétitions sont organisées, j’entends des cris et distingue un attroupement massif. Ni une ni deux, je me faufile, et j’entrevoie au milieu de cette arène humaine, un homme, avec un enoooorme caillou dans les bras, qui a l’air de ne pas trouver ça très agréable ! C’est le cas de le dire, je me renseigne vite fait autour de moi et on m’explique que la pierre peut peser de 80 à 150 kilos et qu’il faut la soulever en un minimum de temps. Chacun a trois essais pour montrer de quoi il est capable. Je vous le dis de suite, cette pierre n’a ni poignée, ni adhésif, ni quoi que ce soit qui pourrait faciliter la tâche de quiconque ! Pierre ingrate ! Et j’apprends par-dessus tout qu’il y a les mêmes épreuves pour les femmes.. Ah quand même ! Ça donne le ton !
Un peu plus loin, je vois perché en l’air une noix de coco transpercée par un pic qui se balance à plusieurs mètres du sol…étrange..
Je me rapproche et c’est l’épreuve du lancer de javelot qui va bientôt commencer. Le lancer de javelot, ça me rappelle vite fait mes cours d’athlétisme à l’école .Mauvais souvenir d’un long bâton difficile à manier et pratiquement impossible à envoyer pour mes petits bras frêles….et quand miracle je réussissais à le faire décoller, il s’étalait quelques centimètres devant, lamentablement, allant s’écrouler de tout son long telle une limace et balayant d’un coup de main l’image du javelot vif et solide qui se plante dans le sol à des dizaines de mètres plus loin ! Autant vous dire que je le javelot, oui je vois ce que c’est !
Mais il s’agit là d’une toute autre pratique ! Beaucoup trop facile de lancer un javelot quelques mètres devant.. Pourquoi ne pas le lancer en hauteur et dans une noix de coco perchée à 9m de haut ? Les athlètes, placés à 22m, ont donc tous une dizaine de javelots et 7 minutes pour les planter au plus haut sur la noix de coco !! Déjà, il faut arriver à lancer un javelot mais en plus il faut aussi qu’il se plante sur cette maudite noix de coco…mais imaginez 20 participants faire la même chose, c’est vite la crise du logement sur cette petite noix et planter son javelot au bon endroit relève vite du miracle ! Le meilleur score est attribué au javelot planté le plus haut…bravo !
On m’avait parlé de cette épreuve et je l’attendais avec impatience. La noix de coco occupant une place importante dans la vie Polynésienne, c’est tout naturellement qu’elle est mise à l’honneur durant les festivités de juillet. Les équipes composées de 3 participants sont uniquement munies d’une hache, une lame recourbée et des sacs en toile de jute. Le principe est simple, l’équipe a moins de 3 minutes pour extraire et mettre en sac la chaire de 200 cocos. Je m’installe donc à côté d’une équipe prête à détailler leurs faits et gestes et à en prendre plein les yeux…Ah ba ça, j’en ai pris plein les yeux..au sens figuré ET au sens propre. Note pour la prochaine, ne pas se mettre tout près, parce que quand dans une même phrase on entend « hache, 200 noix de coco et 3 minutes »…il faut se méfier, ca éclabousse et on n’en ressort pas indemne !! Le spectacle est hallucinant, la vitesse, la précision des gestes, la force des participants…quand je vois le temps que je mets pour en ouvrir une seule (quand j’y arrive), je me dis qu’heureusement, la Polynésie ne compte pas sur moi pour assumer sa production de monoi !
La dernière épreuve de la journée arrive… Les participants se réunissent auprès des cocotiers sélectionnés. C’est « simple », ils doivent grimper en un temps record tout en haut du cocotier…autrement dit à 20m ! Là non plus, ces ingrats de cocotiers, n’ont ni poignées, ni cordes ou échelle… Et voilà le top départ est donné, je cherche du regard les compétiteurs…je ne vois rien ! C’est allé tellement vite que le temps que j’identifie les arbres, ils sont déjà en haut !
Cette journée, chargée en découvertes et émotions m’aura donné un bel aperçu des performances impressionnantes dont sont capables ces aitos (guerriers) qui feraient pâlir de jalousie certains sportifs de disciplines ‘modernes’…Manquent à l’appel des jeux, les courses de vaa’a (pirogues locales) et la course de porteurs de fruits…mais cela fera l’objet d’une prochaine sortie !