C’est en Août dernier que j’ai été conviée à Rurutu pour la première fois, à l’occasion d’un mariage traditionnel. Une semaine, c’est tout ce qu’il m’a fallu pour tomber amoureuse de l’île : de la diversité de ses paysages, de la richesse de sa biodiversité, de la finesse de son artisanat, de l’hospitalité et la bienveillance de ses habitants…
Je me suis tellement accoutumée à la fraîcheur des Australes, que j’ai décidé d’y retourner sur un coup de tête, deux mois plus tard.
Rurutu est un petit paradis isolé, d’une superficie de 32 km2, situé à environ 1h30 de vol de Tahiti ; et autant vous dire que si vous désirez que l’île vous livre ses secrets, l’aide d’un guide ne sera pas superflue… Petite par la taille, grande par sa richesse !
Pour ma part, cette tâche a incombé à Reti, qui s’est avéré de précieux conseil. Natif de Rurutu, il connaît l’île dans ses moindres recoins et, s’il aime partager son savoir, il cherche d’abord et avant tout à protéger son patrimoine.
C’est donc dans cet état d’esprit que nous avons entamé notre tour de l’île en 4×4. L’île fourmille de petits trésors cachés, savamment éparpillés et qui se confondent souvent avec le reste du paysage, comme si elle cherchait à préserver les joyaux qu’elle recèle. Aussi, les falaises escarpées côtoient les plages de sable blanc ; que vous soyez amateur de bain de soleil ou féru de randonnées en montagne, Rurutu saura vous séduire.
Toutefois, s’il est bien un lieu qui incarne l’esprit de Rurutu, c’est la tarodière. En communion avec la nature, elle épouse parfaitement le reste du paysage et dépeint un réseau d’irrigation ingénieux puisque chaque parcelle se voit approvisionnée en eau grâce aux sillons creusés dans la terre. Elle atteste, en outre, d’un mode de vie convivial et généreux car, si aujourd’hui chaque famille détient une parcelle au sein de la tarodière qui se transmet de génération en génération, il était coutume de redistribuer la récolte au sein du village.
Impossible de faire un tour de l’île réussi sans s’arrêter aux fameuses grottes de Rurutu.
Si ses sites archéologiques sont réputés, beaucoup d’entre eux, reculés, demeurent étrangers au public, permettant ainsi de les préserver de toute dégradation.
Néanmoins, certaines merveilles restent accessibles, à l’instar de la grotte Aeo, rebaptisée « grotte Mitterand » lors du passage de ce dernier en 1990 ; ou encore la grotte Taupe’e, qu’on appelle plus communément « la gueule du dragon », en raison de la forme que sculptent les stalactites et stalagmites de l’antre.
Nouveau jour, nouvelle excursion : impensable de repartir avant d’avoir pu profiter du spectacle offert par les baleines. Ces dernières se donnent rendez-vous chaque année, de juillet à octobre, dans la passe de Rurutu afin de se reposer de leur périple et se reproduire dans les eaux chaudes des Australes.
Mais parfois, il arrive que vous ne fassiez pas qu’admirer ces magnifiques cétacés. S’il est primordial de respecter les distances de sécurité lors d’excursions nautiques comme celle-ci afin de ne pas perturber les animaux au sein de leur habitat naturel, il arrive que ces derniers nous prennent au dépourvu. Et c’est exactement ce qui s’est passé ce jour-là… Alors que nous avions entrepris d’observer la danse des baleines d’un peu plus près en sautant à l’eau, ces dernières se sont d’abord lentement rapprochées de nous comme pour nous permettre de contempler leur majestueux ballet marin. Pouvant retenir leur souffle des dizaines de minutes, elles ont commencé à se mouvoir de haut en bas, sur le dos, en nage indienne, nous saluant de la nageoire de temps à autres.
Pas facile de reculer au milieu de l’océan lorsque l’on n’a pas la même vitesse de pointe que ces cétacés. Après avoir bien profité du spectacle, nous nous apprêtions à remonter sur le bateau, c’était sans compter sur le plus jeune mammifère de la bande qui s’est révélé d’humeur taquine ce jour-là et qui, après avoir joué à cache-cache dans les profondeurs, s’est décidé à venir à notre rencontre. Imaginez-vous tomber nez à nez avec un baleineau d’une quinzaine de mètres au large du Pacifique… Impressionnant, c’est le mot. Courageux mais pas téméraires, nous nous sommes brièvement prêtés au jeu avant de faire marche arrière. Une chose est certaine, ce (petit) baleineau nous a laissé un souvenir indélébile.
Bien que j’aie déjà plein d’images en mémoire, il m’est impossible de repartir les mains vides. Les habitants de Rurutu excellent dans l’artisanat, notamment dans l’art de la vannerie et le travail de la fibre de pandanus. C’est pourquoi je m’empresse de faire un stop au village d’Avera pour faire mes emplettes de dernière minute. Parée de 2 chapeaux et trois paniers tressés, je suis prête à reprendre l’avion… tout en pensant à mon prochain séjour.