J’ai testé pour vous… une immersion dans la vallée de Hakaui
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Fenua experience

J’ai testé pour vous… une immersion dans la vallée de Hakaui

Pour les voyageurs du Monde comme pour nous polynésiens, les îles Marquises sont probablement celles qui fascinent et intimident le plus à travers les 5 Archipels. Situées à plus de 4 heures d’avion de Tahiti, peu d’entre nous ont la chance de les découvrir. Mais même à plus d’un millier de kilomètres, elles imposent un respect tout particulier de par leur allure grandiose, leur histoire fascinante et leur culture saisissante.

Pour ma part, c’est un coup de chance inattendu qui me mènera aux Marquises.  Un tirage au sort lors d’un salon. J’étais loin de me douter ce jour-là qu’un billet de tombola me conduirait vers l’illustre Fenua Enata, Terre des Hommes.

C’est à Nuku Hiva, le premier jour de ce périple étonnant, que j’entamais une aventure qui s’avèrera être la plus belle de mon séjour aux Marquises : la découverte de la Vallée de Hakaui ! Je ne connaissais de cette vallée que la célèbre cascade de Vaipo qu’elle abrite. Mesurant plus de 350 mètres, elle est la plus haute de Polynésie. Véritable merveille de l’Archipel, certains téméraires vont jusqu’à faire le voyage principalement pour la voir.

D’une baie à l’autre : traversée de Tapivai à Hakaui

C’est sur un bateau, dans une baie au Sud de Nuku Hiva, que nous commençons notre expédition. Nos guides du jour, Maria et son mari Mai, partagent avec notre groupe de nombreuses anecdotes pendant que nous sillonnons le littoral entre Tapivai et Hakaui. Ils nous parlent de la vie sur leur île, du village de Tapivai, des raies Manta si nombreuses dans la zone, des méduses défilant sous le bateau, des pécheurs locaux, ou encore des chevaux qu’on observe sur une colline au loin. Cette traversée donne le ton de notre aventure. La beauté sauvage des Marquises s’impose de manière fulgurante dès les premiers instants de la journée à travers les falaises abruptes qui se dressent devant nous et se jettent directement dans l’océan. Au-dessus de la mer, la végétation, la terre et la roche se mélangent pour former un tableau coloré et harmonieux. C’est incontestablement l’un des plus beaux paysages qu’il m’ait été donné de voir, en Polynésie comme ailleurs !

Nos premiers pas dans la Vallée de Hakaui

Après une trentaine de minutes de traversée, nous arrivons finalement à la baie de Hakaui. Il est clair que le spectacle, jusque-là, ne faisait que commencer ! Le décor est à couper le souffle. À peine entrés dans la baie, des géants de basalte se dressent devant nous, gardiens de ce lieu incroyable sur lequel ils veillent inlassablement. C’est face à ce décor étonnant, dos à l’océan et au milieu des eaux calmes de la baie, que nous jetons l’ancre ! Avant de poser un pied à terre, Mai nous raconte qu’il y a plusieurs centaines d’années, la vallée abritait le village principal de Nuku Hiva. C’est ici que vivait également la famille royale. Aujourd’hui, c’est comme si le temps s’était arrêté. Presque désert, seule une petite dizaine d’habitants fait battre le cœur de ce lieu envoutant. Ici, il n’y a pas d’école, d’épicerie, de port, d’infirmerie, ou même de voiture. Il n’y a que quelques habitations très simples, harmonieusement disposées dans la verdure. Ceux qui vivent encore ici font régulièrement la navette en bateau depuis les villages plus peuplés. Maintenant que nous en savons un peu plus sur Hakaui, il est temps de descendre et de regagner la terre ! Deux chiens du village se chargent de nous accueillir sur la superbe plage de sable noir. À quelques mètres un bateau est amarré dans la petite crique qui marque l’entrée de la vallée et à coté un cheval nous regarde curieusement depuis l’ombre d’un cocotier. Après les recommandations du jour et quelques mangues cueillies pour la route, nous commençons notre marche vers la cascade de Vaipo !

D’une baie à l’autre : traversée de Tapivai à Hakaui
D’une baie à l’autre : traversée de Tapivai à Hakaui
D’une baie à l’autre : traversée de Tapivai à Hakaui

Une voie royale

Nous suivons un chemin de pierres méticuleusement disposées et partiellement recouvertes de verdure, témoin des nombreuses années écoulées.  Il s’agit en fait de la voie royale que la reine utilisait autrefois pour se rendre de la montagne jusqu’à la mer. Au fur et à mesure que nous avançons dans la végétation, nous croisons quelques Tiki que nous remercions timidement au passage. Dans la culture polynésienne, ces pierres sculptées à l’image de dieux ou d’ancêtres sont très respectées et même craintes pour certaines d’entre elles. Mai nous explique que les Tiki taillés dans la pierre rougeâtre ont une place particulièrement importante. Souvent dressées dans les lieux sacrés, ces pierres étaient autrefois disposées pour marquer la limite à ne pas franchir d’un espace réservé à quelques rares privilégiés. A Hakaui, on ne peut que se sentir comme tel !

D’une baie à l’autre : traversée de Tapivai à Hakaui
D’une baie à l’autre : traversée de Tapivai à Hakaui
D’une baie à l’autre : traversée de Tapivai à Hakaui

Des sarcophages inaccessibles

Sur le chemin, la flore omniprésente est enivrante. Le petit botaniste enfoui en soi ne peut que s’émerveiller devant tant de richesse ! Après une quarantaine de minutes, une fois sortis de la végétation dense, nous marquons une pause sur un tronc d’arbre posé face aux falaises imposantes. Quelle vue ! Maria et Mai nous expliquent que dans les creux de la falaise que nous distinguons se trouvent des sarcophages taillés dans des troncs de Uru (arbre à pain). Ils ont été déposés là il y a très longtemps, avant l’arrivée des européens. Ces trois sarcophages en forme de pirogue sont destinés à transporter l’âme du grand prêtre, du grand guerrier et du roi vers le paradis qui se trouvait sous l’eau pour le peuple de l’époque. Ils ont été placés aussi haut et à l’abri des regards pour éviter que les guerriers des peuples ennemis ne mettent la main dessus, ce qui aurait été une humiliation pour le village. Aujourd’hui seules les chèvres sauvages pourraient y avoir accès, tellement le sentier est abrupt et dangereux.

Des sarcophages inaccessibles
Des sarcophages inaccessibles
Des sarcophages inaccessibles

Entre falaises imposantes, forêts de mape et vestiges archéologiques

C’est en reprenant notre route que nous arrivonsà un point de vue donnant sur les gigantesques falaises et que nous apercevons enfin, entre les banchages abondants, la cascade de Vaipo ! On ne la distingue pas entièrement mais on comprend très vite ce qui fait sa renommée. Grandiose, elle s’impose fièrement parmi les chaines de montagnes escarpées et la végétation luxuriante. Impatients de la voir de plus près, nous continuons à travers les forêts de mape (châtaignier tahitien), qui étaient un moyen de communication des temps anciens. Il suffisait de frapper une grosse pierre contre un tronc creux pour le faire raisonner afin d’indiquer sa position ou d’avertir le village d’un ennemi en approche. C’est au cœur de cette végétation luxuriante que nous remarquons de nombreux vestiges archéologiques. En effet autrefois les habitations étaient situées à l’intérieur des terres, moins exposées aux menaces extérieures, naturelles ou autres. C’est donc en pénétrant dans les terres que l’on trouve les empreintes inestimables de ce passé lointain. Parmi ces vestiges, un ancien « garde-manger » creusé dans la terre et constitué de pierres volcaniques ramassées dans la rivière. Ce type de construction conservait le ka’aku, met marquisien obtenu avec le fruit de l’arbre à pain qui servait à nourrir la population durant les saisons où les récoltes étaient maigres et où la nourriture se faisait rare. Une fois disposé au fond du garde-manger, le ka’aku était recouvert de feuilles et de branchages pour assurer sa conservation. Anecdote surprenante: lors du premier festival des Marquises en 1986, un de ces vestiges a été retrouvé et le ka’aku intacte qu’il renfermait a été distribuée à tous ceux qui y participaient. Ce fut pour les marquisiens un privilège, un véritable cadeau de leurs ancêtres. Sur notre route nous aurons la chance de voir également des mea’e (marae marquisien, temple à ciel ouvert), lieu de cérémonies sacrées, et des paepae, ces aires dallées de pierre volcanique utilisées en guise de fondation.

Entre falaises imposantes, forêts de mape et vestiges archéologiques
Entre falaises imposantes, forêts de mape et vestiges archéologiques
Entre falaises imposantes, forêts de mape et vestiges archéologiques

Consécration au pied de la cascade de Vaipo

Après avoir traversé une rivière et d’autres petits cours d’eau, nous arrivons enfin au pied de la cascade. Il faut rester silencieux ! Les chèvres sauvages tout en haut des falaises vertigineuses causent régulièrement des chutes de pierres. Rien de très contraignant cela dit, car le lieu se prête facilement à être observé en silence. On touche pour la première fois les pieds des falaises admirées depuis des heures. On ne peut que se sentir petit face à un tel spectacle. Nous n’irons pas jusqu’à toucher la chute d’eau mais sa fraîcheur vient jusqu’à nous. Le périple en valait la peine ! Après un bon moment passé les yeux rivés vers le ciel à observer les géants de Hakaui vus d’en bas, nous rentrons doucement vers le village. Il est temps de revenir sur les moments forts de cette matinée devant le savoureux déjeuner 100% local qui nous attend au village de Hakaui.

Consécration au pied de la cascade de Vaipo
Consécration au pied de la cascade de Vaipo
Consécration au pied de la cascade de Vaipo

En quelques heures à peine, nous avons eu le privilège de vivre une immersion comme nulle autre dans ce Jardin d’Eden. Regroupant agréablement nature, culture, histoire et archéologie, cette aventure au coeur la Vallée de Hakaui nous aura permis d’observer et d’expérimenter l’essence même de cet archipel intriguant. Les marquisiens portent fièrement leurs racines. Ils ont en eux un attachement fort à leur terre. En plus d’être fondamentalement ancré dans leur quotidien, c’est un dévouement qui se lit dans leurs regards, dans leurs paroles et sur leur peau.  Nous quittons la vallée de Hakaui reconnaissants de cette journée incroyable et curieux de plonger davantage dans la mémoire de ces terres et de ces hommes.

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