Plus connu sous le nom de « Chinchard », le « Ature » est un petit poisson pélagique bien connu des polynésiens. On le distingue de par ses reflets argentés, ses arêtes voyantes à même la peau et sa nageoire caudale entaillée.
En Polynésie, le « Ature » ne se présente qu’une seule fois dans l’année, généralement au tout début de celle-ci (Janvier-Février-Mars) avant de repartir vers le large où il continuera sa croissance.
Habituellement, la saison du « Ature » ne dure que quelques jours qu’il ne faut rater sous aucun prétexte car les pêcheurs les plus aguerris n’attendent pas d’être invités à ce spectacle réunissant des bancs de milliers de poissons pour partir à la pêche dès qu’ils les aperçoivent au loin dans le lagon.
La production de cette pêche traditionnelle est destinée uniquement au marché intérieur et constitue une source d’auto-consommation locale.
En Polynésie Française, on les distingue en fonction de leur stade de croissance : « Ature », « Aramea », « Orare ».
Frit, cru, trempé dans du citron ou du lait de coco, le « Ature » est très apprécié des polynésiens.
La pêche au « Ature » en Polynésie est une activité saisonnière qui se pratique souvent au grand filet et mobilise une main d’œuvre conséquente. Il faut de l’expérience et une certaine technique pour pouvoir capturer tous ces poissons au filet.
Chaque année, l’arrivée d’une dizaine de milliers de poissons regroupés en bancs fait l’objet d’une « pêche miraculeuse » pour la population polynésienne.
Les pêcheurs observent les bancs de « Ature » depuis le bord, identifient où ils se trouvent grâce aux tâches dans l’eau ou encore grâce aux prédateurs qui n’hésitent pas à attaquer les bancs de « Ature ». Après avoir identifié le lieu idéal pour poser son parc à poissons provisoire, le pêcheur part alors très tôt le matin poser son filet et le laisse sur place une journée entière. Le lendemain dès l’aube, il retourne à son parc à poissons provisoire et c’est alors là que la récolte a lieu : des milliers de Ature sont pris au piège dans les filets des pêcheurs.
Aux temps anciens, la pêche au Ature n’était pas perçue comme aujourd’hui… Cette pêche était uniquement une source de nourriture : aucune prise n’était revendue, tout était distribué aux familles du village. Une période de « Rahui », où la pêche était interdite était instaurée afin de laisser aux poissons le temps de se reproduire et de continuer leur croissance, d’éviter la surpêche et de pouvoir pérenniser cette ressource. Chaque famille se privait de pêcher ce fameux poisson afin que, le jour venu, tout le village se regroupe et pêche ensemble.
Aujourd’hui, de nombreux pêcheurs n’exercent plus que pour le bénéfice et l’argent, ces traditions tendent à se perdre.
Heureusement, certaines populations comme les habitants de l’île de Rurutu, au sein de l’archipel des Australes, continuent de faire vivre nos traditions et nos cultures en gardant cette règle du « Rahui ».
Chaque année, les habitants de Rurutu se privent de pêcher le « Ature » afin qu’au moment venu, il y ait assez de poissons pour nourrir tout le village. La pêche individuelle et commerciale a même été interdite sur l’île de Rurutu.
Leur capture au grand filet mobilise tout le village qui vient aider à la récolte « miraculeuse ». Cette dernière sera ensuite redistribuée équitablement dans chaque famille du village. Telles sont les valeurs véhiculées en Polynésie: partage, joie de vivre et amour.
Afin de pérenniser cette pêche et préserver cette ressource dans toute la Polynésie, les autorités compétentes ont aujourd’hui règlementé la pêche au « Ature ».
Malgré les générations passées, la pêche au « Ature » a certes évolué, mais elle conserve néanmoins encore cette proximité avec la population polynésienne et joue un rôle de cohésion sociale qui pourrait susciter, pourquoi pas, des vocations auprès des jeunes sans emploi. La pêche au « Ature » est donc primordiale dans nos îles de Polynésie fançaise car elle est source de revenus pour certains, source de nourriture pour d’autres et peut même s’avérer être un métier pour certains.