Ils se trémoussent en bord de route et aiment à se faire remarquer dans leurs petits paquets, leur danse affriolante est bien souvent à l’origine d’un petit arrêt impromptu sur le trottoir, je veux bien sûr parler des ina’a. Courageux mais pas téméraires, ces alevins agissent en bande, qu’il s’agisse de pénétrer l’embouchure des rivières ou de vous amadouer depuis leur sac plastique… Leurs premières complices, les māmā qui, coiffées de leur plus beau chignon et enveloppées d’un pāreu chamarré veillent de leur joli parasol à les préserver du soleil et à attirer votre attention.
Stratégiquement placées à la sortie des églises, sur la longue ligne droite de Punaauia à Papeari ou à proximité des spots de surf, ces dernières savent décidément comment tromper l’ennui par une petite fringale. Un éventail à la main, un slogan scandé à la volée et un joli sourire, il n’en faut pas plus pour vous amener à faire un stop.
Au cas où ces petites attentions seraient trop subtiles pour vous, vous avez également l’option « réveil matinal à coups de klaxon » au plein cœur de la servitude. Le chant des coqs et le vrombissement du pick-up, ça a son charme aussi… Enfilez vos savates et n’oubliez pas vos plats chinois, vous n’êtes pas seul à vous ruer sur la glacière. 500cfp le bol rempli à ras bord, c’est reva, on file en cuisine !
Il vous faudra :
Munissez-vous d’une passoire et commencez à rincer les petits poissons à l’eau claire pour les débarrasser des grains de sable superflus. Les ina’a ont une fâcheuse tendance à en mettre partout, ils se collent aux pierres et n’amassent pas que de la mousse…
A leur naissance, les œufs sont emportés vers l’océan où ils éclosent. Dès lors, les petites larves développent un instinct primitif et n’ont plus qu’une seule idée en tête : retourner à la source pour coloniser les rivières. « Nage droit devant toi, nage droit devant toi… », une fois arrivées à destination, elles atteignent maturité et pondent au niveau de l’embouchure, perpétuant ainsi le grand cycle de la vie… Quand elles ne sont pas empêchées par une épuisette géante qui les transportent tout droit vers le bain de friture.
Pas d’inquiétude, la pêche s’effectue entre juillet et octobre et la plupart des gobiidés atteignent l’âge adulte sans encombre.
Maintenant que vous en savez un peu plus sur le passé de ces ovipares, délayez la farine avec un peu de lait ou de l’eau gazeuse si vous souhaitez obtenir une consistance plus légère. La mixture doit être aussi lisse qu’une pâte à crêpes. Ajoutez deux œufs, un peu d’huile, fouettez le tout et laissez reposer.
Découpez ensuite vos tomates en dés, émincez l’oignon et pressez l’ail. Versez le tout dans la pâte, ajoutez vos ina’a, un peu de persil et des poivrons si vous voulez ajouter une touche de couleur. En ce qui concerne l’assaisonnement, on vous laisse choisir, nous on a opté pour du curcuma et une pointe de tabasco. Si vous aimez quand ça croustille sous la dent, rajoutez un peu plus de ina’a. La texture peut surprendre mais c’est un véritable régal pour les papilles !
Versez un peu d’huile dans la poêle, attendez qu’elle soit bien chaude, prenez une bonne louche de préparation et formez un petit cercle. Pas besoin de sirop d’érable, de beurre de cacahuètes ou de myrtilles quand on peut fabriquer de délicieux beignets maison avec les fonds de tiroirs…
Une fois la première face bien dorée, retournez votre petit palet et déposez-le sur du papier absorbant le temps qu’il refroidisse. J’ai bien dit le temps qu’il refroidisse, reposez ce beignet !
J’ai entendu, ça manque de sauce… Pour relever le goût, j’ai fait appel aux conseils avisés de Ginette, une cuisinière hors pair qui n’a pas son pareil pour donner une coloration asiatique aux mets polynésiens. Commencez par éplucher délicatement un morceau de gingembre, découpez-en quelques fines lamelles, ajoutez de l’huile, du vinaigre blanc et une pincée de sel et le tour est joué !
Ajoutez un peu de salade, des tomates et des concombres, le déjeuner est servi…
Erreur, si vous connaissez bien la culture polynésienne, vous savez qu’il manque un bol de riz, qu’attendez-vous pour lancer le rice-cooker ?
Ca ne vaut pas un séjour à Tahiti mais la poutine niçoise peut très bien faire l’affaire, autrement, vous pouvez toujours utiliser des miettes de poisson et vous imaginer au bout du monde.
Encore une fois, n’hésitez pas à reproduire notre recette et à nous partager vos chefs-d’œuvre en photo. Tama’a maitai !