Flottant au vent, hissé en haut d’un mat, étendu sur une plage de sable fin ou fièrement arboré par nos ambassadeurs sportifs, le drapeau polynésien est incontournable.
Facilement reconnaissable, il jouit aujourd’hui d’un rayonnement international et compte même parmi les pictogrammes développés par les grandes multinationales (oui on pense bien au nouvel emoji de Facebook…)
A première vue, le drapeau polynésien est tout ce qu’il y a de plus conventionnel : deux bandes rouges horizontales qui encadrent une large bande blanche. En son centre, une pirogue double typiquement locale. A priori, l’étendard emprunte les codes utilisés par de nombreuses nations. Quand on y regarde d’un peu plus près cependant, de nombreux détails permettent de le distinguer. Ces symboles, bien que couramment usités aujourd’hui sont porteurs de sens. Le drapeau polynésien octroie au territoire son statut autonome, il rallie la population autour de principes et lui confère son identité.
Pour la petite anecdote, alors que les rayons dessinés par Alfred Chalons étaient initialement jaune or, ils ont viré au fe’i orangé, couleur du parti du Tahoera’a Huira’atira à l’époque où ils avaient la majorité au gouvernement.
A l’origine, une couleur prédominante : le rouge. Le rouge de la royauté, héritage historique de la Polynésie, partie intégrante de son patrimoine culturel. Rouge comme le maro ura, la ceinture de plumes carmin que seuls les membres de la famille royale étaient autorisés à porter jadis. Cette couleur avait une place essentielle dans l’organisation hiérarchique de la société polynésienne.
Par ailleurs, les anciennes versions du drapeau de Tahiti arboraient déjà cette composante.
Adoptées le 23 novembre 1984, les armoiries de la Polynésie furent dessinées par Alfred Chalons, professeur de technologie et d’arts plastiques au collège La Mennais de Papeete. Elles tissent le lien entre l’histoire du pays et ses perspectives d’avenir. On compte parmi elles le pahī (pirogue double), les rayons du soleil, l’océan et cinq tikis.
Emblème polynésien par excellence, la pirogue incarne le voyage, l’exploration et la conquête. Semblable au catamaran, le pahī est une large pirogue double à voile, c’est à son bord que les premiers migrants peuplèrent le triangle polynésien. Régulièrement repris par les enseignes locales et établissements touristiques, le symbole est porteur d’un ensemble de valeurs et véhicule un message fort.
Tout d’abord, il se réfère lui aussi à l’idée de royauté puisqu’à l’époque, la pirogue était avant tout « l’attribut sacré des rois et grands chefs ».
Ensuite il dénote un véritable pouvoir fédérateur puisqu’il rappelle aux Polynésiens leur illustre passé d’explorateurs hors-pairs et assoit leur réputation de « peuple de la mer ».
La pirogue incarne une organisation sociétale, un art de vivre et met en exergue le courage, la solidarité et l’authenticité.
Véritable outil de transport et de communication, elle ouvre le champ des possibles et s’oriente vers le futur. C’est un symbole d’espoir et de renouveau. D’un autre côté, elle atteste d’un attachement aux traditions et valeurs ancestrales.
Aujourd’hui encore, elle demeure un outil de subsistance essentiel et sert notamment à la pêche. Elle se fait le lien entre les îles, écourte les distances et rapproche les hommes.
Fièrement dressées sur la pirogue, les statuettes, au nombre de cinq, ne sont pas sans rappeler les archipels qui constellent la Polynésie: les îles de la Société, les Australes, les Gambiers, les Tuamotu et les Marquises. Indissociables, elles montrent qu’outre leurs différences culturelles, ces regroupements d’îles sont fondamentalement liés les uns aux autres.
Comme dans la plupart du monde, le soleil est un symbole de puissance et de vie. Il renforce l’idée du paradis sauvage où règne l’abondance et corrobore le mythe autour de la jovialité des Polynésiens.
Les vagues, quant à elles, forment avec le soleil le cercle de vie, elles illustrent toute l’abondance issue de cette mer nourricière.
Bien qu’attachés à leur terre, les Polynésiens sont liés par l’océan, c’est pourquoi ce dernier occupe ici une place prépondérante.
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De face, la voile gonflée par le souffle de la vie et entourée d’un halo lumineux qui présage de bons auspices, la pirogue de la Polynésie semble prête à affronter l’avenir et à conquérir de nouveaux horizons.
Photographies ©TahitiTourisme